Récemment, dans une newsletter assez anodine, un chiffre m’a fait bondir : selon une étude IFOP, 1 français sur 10 pense que la Terre est...
Récemment, dans une newsletter assez anodine, un chiffre m’a fait bondir : selon une étude IFOP, 1 français sur 10 pense que la Terre est plate. Je me suis dit que l’accroche était bonne, mais que le chiffre était surement faux.
Dans la France de Thomas Pesquet qui a posté pendant 6 mois une image de la Terre vue de l’espace, ça ne pouvait pas être vrai. Et, puis ensuite, j’ai vérifié. Je me suis rendue à l’évidence : le chiffre était juste. Comment à l’heure d’une diffusion intense de l’information via internet notamment, en sommes-nous arrivés là ?
Lenteur vs qualité de l’information ?
Dans nos métiers, la recherche d’informations diverses est essentielle. Elle porte même un nom : le Desk Research. Sur le web, de nombreux documents, livres, publications, articles, recherches de grande qualité sont disponibles en accès libre et gratuit. La masse de documents est colossale.
Il y a des méthodologies pour s’y retrouver : identifier son champ d’action, ses sources, se constituer des bases de données fiables. La Toile prend alors tous son sens : il faut se diriger dans ses fils sans rester accroché et s’y étouffer. La fiabilité des sources est primordiale. En résumé, il faut agir avec méthode et lenteur.
Que l’on soit « professionnels » de la recherche ou simple citoyen désireux de s’informer, cette notion de temps s’oppose d’ailleurs parfois à celle de la qualité de l’information.
En effet, selon le Baromètre Kantar One Point pour La Croix (Janvier 22), pour les français, la qualité de l'information doit être privilégiée par rapport à la rapidité avec laquelle celle-ci est transmise (94% jugent cela « important » dont 56% « essentiel »).
Pour tous donc, au milieu des masses d’information disponibles, il faut constamment trier et éliminer en fonction des sources que l’on juge fiables.
Selon le même Baromètre, le média le plus utilisé pour s’informer reste la télévision avec un pourcentage de 48%, suivi d’internet qui reste utilisé par 32% des Français. Parmi ces derniers, 26% s’informent sur les réseaux sociaux et 21% cherchent les actualités sur des sites et applications de presse écrite. Pour finir, la presse (6%) restent le média le moins exploité.
Seulement 49% des Français estiment que les informations relatées par la presse et la radio sont crédibles, et 44% pour la télévision. Par opposition, la confiance en la crédibilité d’internet a fortement baissé depuis l’année dernière, à 24%. On apprend également que cette défiance vis-vis à des médias révèle un clivage générationnel puisque 54% des moins de 35 ans estiment que la diffusion des informations par des personnes non journalistes grâce aux réseaux sociaux est une bonne chose. Là où, pour les 35 ans et plus, 32% pensent que c'est une mauvaise chose.
C’est-à-dire qu’une partie de la population ne place plus leur confiance dans des « professionnels » de l’information, qui ont été formés à la vérification des sources et à délivrer une information fiable. Est-ce que certains médias privilégieraient la rapidité vs la fiabilité ?
Les algorithmes en question ?
Pourtant, aujourd’hui, la rapidité de l’accès à l’information est généralisée. N’importe quelle requête est posée dans la barre des moteurs de recherche : l’heure de la prochaine séance de cinéma, la dernière déclaration de Macron, où en sommes-nous dans la guerre en Ukraine, combien y a-t-il de Vegans en France … ?
Nos recherches, des plus simples aux plus complexes, passent par des moteurs, de type Google. Pour faire vite, ce dernier fonctionne en 3 phases : l’exploration, l’indexation et le classement. Enfin, pour vous proposer un résultat aussi pertinent que possible, il utilise des algorithmes, c’est-à-dire des programmes informatiques avec des critères prédéfinis.
Il compare vos mots clefs avec leurs index et affiche des résultats en effectuant un classement parmi des milliers de réponses possibles. La méthode de classement qu’utilise le moteur de recherche pour faire apparaître un résultat plutôt qu’un autre, qui sera situé en haut de la première page, est confidentielle. C’est un mélange de plusieurs centaines de critères permettant de répondre avec exactitude ou au plus près de votre requête. Il en existe officiellement une vingtaine avec tous des tâches bien définies. Et chacun d’eux influe sur le classement dans les pages de résultats de Google. Certains agissent de manière globale en sanctionnant ou en valorisant, d’autres sont plus spécifiques comme les algorithmes locaux.
En fait, pour bien chercher, il faut être formé : formé aux mots clefs pertinents, formé au classement des sources, formé à la compréhension d’un moteur de recherches.
Les réseaux sociaux fonctionnement différemment bien entendu mais sont eux aussi soumis aux algorithmes, avec de nombreux critères complexes. Ils sont régis par l’effet de communauté. Si l’on regarde les critères les plus influents, arrive en tête la fréquence des interactions avec les publications de ses amis. Plus on like et on commente les posts d’une personne, plus Facebook ou Instagram par exemple nous montrent ces infos en priorité. En résumé, on reste dans son schéma de pensée, dans notre cercle : on s’informe en silo, en bulles. Et, ces « bulles » sont très peu perméables aux idées contradictoires.
Par conséquent, ces nouvelles méthodes d’accès à l’information, internet, via notamment les moteurs de recherche, et les réseaux sociaux apparaissent comme des forces opposées: l’un laisse la place à trop d’informations qui nous noient et l’autre nous laisse dans des bulles de pensée qui nous enferment. Comment en sortir ?
Comment faire pour que les images de l’Espace de Thomas Pesquet arrivent sur les ordinateurs des Platistes ?
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